Savoir se battre est quelque chose d’indispensable sur la Boule. On peut préférer certaines techniques à d’autres, vouloir utiliser des armes lourdes, légères, tranchantes ou contondantes mais tous les maîtres d’armes vous le diront, les poings, les pieds et la tête peuvent amplement suffire pour se débarrasser d’un ennemi… à condition de ne pas avoir l’allonge d’un Nain.
Le Cheikh Norris
Chez les Zömbrs, il n’y a ni roi, ni seigneur. Les citoyens les plus méritants obtiennent la haute distinction de Cheikh. Ce sont des sages respectés pour toutes les bonnes choses qu’ils ont pu apporter à la civilisation. Il faut bien comprendre qu’à la base, tous les Zömbrs sont égaux et peuvent aspirer à devenir Cheikh.
Natif de Ryân dans le nord du Dubâ, Norris est le fils d’un cultivateur de dattes et d’une teinturière. Alors qu’il n’a que douze ans, il est enlevé par des marchands itinérants spécialisés dans le trafic d’êtres humains. Il est emmené loin, dans l’est du Duhô et devient l’esclave d’un aubergiste dans le petit village d’Osan. Outre le fait qu’il soit forcé de faire la plonge tous les jours entre midi et deux et le soir à partir du moment où le dernier client a terminé son assiette, Norris est aussi conditionné pour devenir un grand combattant. En effet, pour le geôlier du jeune Zömbr, le meilleur moyen d’obtenir un retour sur investissement est encore de l’engager dans des combats d’esclaves clandestins. C’est ainsi que Norris apprend le Djetfûsuldo.
Il s’agit d’une technique visant à utiliser la force de son adversaire pour la retourner contre lui. Elle est aussi agrémentée de coups d’une violence inouïe visant à causer d’importantes blessures pour immobiliser définitivement un ennemi. Un soldat mafialien dira en l’an 126 : « Le Chtefouchuldo, cha fait achment mal ! ».
Après avoir remporté deux tournois pour le compte de son propriétaire, Norris rencontre dans la brousse le fondateur du Djetfûsuldo, Lih qui est également un abolitionniste patenté de l’esclavage. Il libère Norris et le renvoie dans son pays d’origine [1] avec une caravane de marchands.
A son retour, Norris est un jeune homme. Ses parents ressemblent à des vieillards, symbole du profond chagrin qu’ils éprouvèrent après la disparition de leur unique fils. Pour lui, c’est difficile de reprendre une vie normale, de se ranger des caravanes comme on dit dans cette région désertique. Il refuse de travailler dans les domaines traditionnels et fonde une école de Djetfûsuldo. C’est un véritable succès. Les jeunes Zömbrs adhèrent tout de suite à ces nouvelles techniques guerrières et sont de plus en plus nombreux.
Norris acquiert alors une telle notoriété et amasse un trésor si grand que le titre de Cheikh lui est décerné [2]. Il part alors sur les routes du Dubâ pour y enseigner son art jusque dans les campagnes les plus reculées. Personne ne sait vraiment comment il termina sa vie mais il marqua les esprits et son peuple à tout jamais.
[Le Cheikh Norris, portrait avec la coiffe traditionnelle – Coll. Privée]
Au IIème siècle, lorsque Octopus IV attaque les Zömbrs, ses hommes subissent de lourdes et sauvages défaites. C’est la technique du Cheikh Norris qui a permis au peuple Dubaïen de repousser les envahisseurs et d’être l’un des rares peuples de la Boule à avoir résisté à l’envahisseur [3].
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[1] On raconte que Lih, dit le Petit Dragon, considérait le Djetfûsuldo comme une technique ne devant être connue que des hommes de l’est. C’est peut-être pour cette raison qu’il renvoya un grand nombre d’esclaves dans leurs pays d’origine. Ce qui n’enlève toutefois rien quant à la grandeur de son geste.
[2] L’argent ne fait pas le bonheur mais il permet d’obtenir des titres honorifiques c’est comme ça...
[3] Une vieille légende veut qu’un village de Breizhie ait aussi résisté grâce à une potion magix.