Il n’est pas rare pour un groupe d’aventuriers d’avoir à terrasser des créatures hideuses et malfaisantes dans des mines abandonnées ou des marais puants. Ce sont d’ailleurs ces grandes scènes de batailles qui font toute la beauté d’une épopée. Mais il arrive aussi que les monstres de la Boule risquent un orteil difforme dans des lieux moins isolés comme le village voisin du vôtre par exemple. D’où l’intérêt d’avoir toujours deux ou trois aventuriers en réserve dans les tavernes alentours.
Les Vaches Folles
S’il est une créature dont personne ne penserait à se méfier, c’est bien la vache. Le regard dans le vague, passant son temps à ruminer de l’herbe comme un Elfe complètement stone, la vache offre son lait gratis aux populations de la Boule expertes en fromages et produits laitiers de toutes sortes [1]. Non, vraiment, cet animal est très loin des archétypes des grands prédateurs démoniaques. Et pourtant…
C’est dans le registre de la Tour de Garde de Glandeuil datant de 666 qu’il est fait pour la première fois mention de « vache folle ». Il s’agit d’une plainte d’un villageois qui affirme s’être fait agressé par une vache. Elle aurait essayé de le mordre à plusieurs reprises et l’aurait coursé dans un champ sans raison valable. L’homme décrit l’animal avec beaucoup de précision, une vache noire et blanche, écumante de bave, les yeux exorbités et montrant les crocs [2]. La Garde pense avoir à faire tout simplement à un acte de sorcellerie et l’on demande à un exorciste de venir soigner la bête. C’est un échec, la vache charge les forces de l’ordre et fait plus de quinze victimes dont l’exorciste avant de prendre la fuite à travers la campagne. Ce n’était que le début d’une cavale qui dura plusieurs années et qui mobilisa des aventuriers en quête de gloire venant de toute la Boule.
En parallèle à cette traque, une enquête menée par la Garde de Glandeuil, remontait une piste sérieuse. En effet, dans cette histoire, le minotier Jakob Creutzfeld ne semblait pas aussi blanc que sa farine. C’est l’un de ses concurrents, Gilbert Gluten qui le dénonça aux autorités [3]. D’après Gluten, Jakob Creutzfeld faisait partie depuis quelque temps d’une organisation chaotique prophétisant la fin du monde. Le rôle du minotier dans cette secte aurait été de mettre au point une farine spéciale à base de pavot et d’os broyés [4] pour rendre taré quiconque en consommerait dans du pain, des pâtes ou des viennoiseries.
En fait, comme souvent dans ce genre de complot, les malfrats ont voulu essayer leur plan sur d’innocentes bêtes avant de passer aux choses sérieuses. Le réseau fut démantelé, Jakob Creutzfeld arrêté et condamné à la pendaison mais il était déjà trop tard.
En effet, la vache, que l’on surnomma Marguerite, le cas zéro des vaches folles, eut le temps de contaminer d’autres bovins sur la Boule et aujourd’hui encore, on découvre des troupeaux malades assez régulièrement.
De plus, il existe des cas où la contagion touche les hommes notamment lorsqu’une vache folle est abattue et mangée sans que l’on ait décelé chez elle le moindre signe de folie ou dans de rares cas, à cause de morsures. Les victimes deviennent alors ce que l’on appelle des Zombicreutzfelds, une véritable plaie pour les aventuriers car s’ils ne sont pas bien dangereux, ils vous font quand même perdre un temps précieux.
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[1] Les produits laitiers : des sensations pures !
[2] Rappelons que le sort de détection de l’ivresse ne fût inventé que trois siècles plus tard mais l’homme disait de toutes façons la vérité.
[3] Pour cela on le récompensa en lui érigeant une statue sur la Grand Place de Glandeuil. Comme quoi la trahison peut avoir du bon. Il fut malheureusement retrouvé mort dans une ruelle, une corne de vache en travers de la gorge. Comme quoi trahir comporte aussi des risques.
[4] Des os de quoi ? On ne sait pas…